En début d'année, je vous avais montré la broderie que j'avais commencé, comme le veut la tradition des brodeuses, le 1er janvier, un triskell d'après une grille gratuite de Jean-Louis Grandsire, sur broderie.net
La voilà aujourd'hui finie. C'est un triskell formé avec toutes les lettres de "BREIZH", brodé sur une toile Aïda 7 grise
Je n'ai pas fait le fond où était écrit plein de fois Bretagne, je trouvais que ça aurait fait trop chargé
Je compte l'encadrer plus tard avec un cadre dans les tons bleus.
Un conte breton pour accompagner ma broderie. Il est un peu long, mais je le laisserai plusieurs jours, si vous voulez le lire en plusieurs fois !
Le vendeur de larmes
Le bonhomme Gourgon La Pie courait les chemins de Basse-Cornouaille, d'une ferme à l'autre, avec toute sa boutique pendue au cou, un coffret de bois léger rempli de pacotille à deux sous pour entretenir la vanité des filles. Gourgon ouvrait la barrière de la cour aux heures où les hommes se trouvaient aux champs et il chantait clair, sur les aboiements du chien :
-"Voilà le gars aux épingles ! Tête noire, tête blanche, tête de nacre, tête à fer...tête à fer...mer !"
Le plus souvent, il était le bienvenu, Gourgon, bien qu'il gagnât plus de billon que de pièces de cent sous. Un homme de bonne façon, ma foi, et qui avait quelques fortunes dans sa boîte puisqu'elle contenait, outre les épingles, toutes sortes de liettes et de rubans, de fils et d'aiguilles. Et toujours ses affaires allaient de mieux en mieux. Il en était venu à vendre du papier à écrire, comme un marchand des villes, et pourtant il ne savait pas lire. Parfois même, il avait avec lui jusqu'à une douzaine de petits miroirs ornés, par-derrière, du portrait des filles du cinéma. Ceci pour vous dire que le bonhomme Gourgon n'était pas un méprisable vagabond, mais bien près d'être un monsieur parmi les gens modestes. Et il devint un monsieur pour de bon après le jour où il lui arriva de vendre ses larmes.
Gourgon passait par une certaine bourgade, en Cornouaille, quand il avisa un linge blanc fixé au-dessus d'une porte de maison et deux rubans de velours noir en croix dessus pour faire savoir qu'il y avait un corps défunt à l'intérieur, attendant le cercueil. Comme il était un homme respectueux, Gourgon décida d'entrer pour dire un pater à l'intention du mort avant d'aller plus loin. A peine avait-il mis les pieds par-dessus le seuil qu'il entendit le bruit des conversations et des rires. La salle était bourrée de gens en habits de deuil, occupés à parler entre eux à haute voix comme s'ils étaient sur un champ de foire ou dans l'attente d'un cortège de noce. Pourtant, le corps était étendu sur le lit, un vieillard aux cheveux gris et à la mine renfrognée.
-"Tonnerre, confia Gourgon à son chapeau, je suis tombé ici au milieu d'animaux sauvages. Comme ils sont sans vergogne, ces gens !"
Le gars des épingles s'approcha du corps et s'agenouilla pour prier, après une aspersion d'eau bénite. Ce que voyant, les autres assistants firent silence d'un seul coup. Sa prière terminée, Gourgon cherchait la porte quand il sentit une main qui le tirait par le veston. C'était une femme, une pièce de femme toute sèche, complètement enveloppée d'un manteau de deuil, et qui le tira du côté de l'âtre :
-"Je ne vous connais pas, mais vous êtes un homme de bonne conduite, d'après ce que je vois."
-"Je le suis sûrement, répondit Gourgon d'une voix sévère. Mais j'ai peur d'être le seul dans cette maison."
-"Avant de vous choquer, écoutez plutôt, dit-elle. Le mort est mon père. Pendant sa vie, il n'a jamais fait aucun bien à personne, ni fréquenté le moindre chrétien né. Tirer à lui et garder pour lui le plus possible, oui, pour cela il était le premier, et bien loin devant le second. Et maintenant, regardez! Le voilà mort et on ne trouve personne pour le regretter, personne pour pleurer son corps. C'est une pitié."
-"Une pitié ? Pourquoi ne pleurez-vous pas, vous qui êtes sa fille ?"
-"Hélas, il m'a tant fait pleurer pendant qu'il était vivant qu'il ne me reste pas une goutte d'eau pour sa mort. C'est pourquoi je vous demande de suivre l'enterrement près de moi et de verser des larmes entre l'église et le cimetière. En voyant votre douleur, les autres se tiendront tranquilles. Autrement ils sont capables de danser la gavotte derrière le corbillard. Ce serait une honte."
-"Ma pauvre femme, je dois aller vendre mes épingles."
-"Vous ne perdrez pas votre temps. Je vous donnerai deux écus et la nourriture."
-"C'est bien, dit Gougon, pour deux écus, vous aurez de la pluie en abondance."
Et Gourgon La Pie suivit le corps en répandant de lourdes larmes pour gagner sa journée.
Ecoutez maintenant le meilleur : pendant qu'il tirait de l'eau de son corps, il songeait combien il est terrible de mourir sans personne pour vous regretter, combien les gens sont mauvais les uns avec les autres et combien il est malhonnête de...feindre la douleur pour deux écus d'argent. Si bien qu'à la fin, le marchand d'épingles pleurait pour de bon sur l'humanité et sur lui-même.
Il pleura tout au long du chemin entre la maison , l'église et le cimetière, il pleura de plus belle en revenant pour le repas de funérailles. L'assistance fut si frappée à la vue de tant de larmes que personne n'eut le courage de goûter le pot-au-feu jusqu'au moment où la fille du mort vint proposer deux autres écus au pleureur pour le décider à sécher ses yeux et à laisser manger le monde.
Après ce jour-là, Gourgon marcha sur la route de la richesse. Un homme qui a trouvé preneur pour ses larmes est capable d'aller vendre au Diable des cornes neuves.
Pierre-Jakez Hélias (livre contes bretons)
coucou Brigitte
RépondreSupprimerJe reviendrai certainement lire ton conte un peu plus tard car là il y a des courses à faire !!!
la broderie est très jolie,juste peut être une fois le mot Bretagne !! pour les ignorants !!! lol
gros bisous et belle journée sous le soleil
MITOU
je pense que tout le monde sait que Breizh, c'est Bretagne? Enfin, je crois, peut-être pas !! Tant pis !
Supprimergros bisous. le soleil est enfin là aussi, c'est l'été depuis hier !
Bonne soirée
Bonjour Brigitte
RépondreSupprimerSuper ce triskell ! Pas si évident que ça à faire.
Je trouve que Gourgon même si c'est un homme qui pourrai vendre n'importe quoi à n'importe qui, vraiment c'est un homme bien. Tu vois , j'ai tout lu. Pas si long que ça ce conte.
Merci pour ce bel article.
Bonne journée. Gros bisous
merci Charmille. Je vois que tu as bien tout lu !
Supprimergros bisous et bonne soirée
coucou
RépondreSupprimerme voilà arrivée en bretagne , mais entre le jardin ou beaucoup de fleurs sont mortes , les plate-bandes débordantes de mauvaises herbes et la maison qui a souffert de l'humidité particulièrement présente cet hiver , je ne sais pas si ce sera vraiment des vacances
bisoussssss
Tu as bien choisi ton moment, il fait un temps magnifique depuis hier !
SupprimerBon courage et bonnes vacances quand même !
Coucou Brigitte,
RépondreSupprimerTa broderie est superbe et représente un sacré travail ! tu as eu raison de ne pas broder Bretagne en fond et les bleus sont magnifiques.
Quel conte ! la méchanceté peut aller loin !!! j'en sais quelque chose ! ... Gourgon est bon et a eu pitié, le pardon n'est pas toujours facile loin de là
Belle journée & gros bisous
Merci Laure, j'ai bien aimé le faire
Supprimernon hélas, ce n'est pas facile de pardonner
gros bisous et bonne soirée
Merveilleuse broderie, tu as des doigts de fée. Même si ce conte est long on le lit d'un trait car il nous tient en haleine jusqu'à la fin.
RépondreSupprimerJe te souhaite un très bon week-end printanier. Bisous du vendredi
Contente que ça t'ait plu MC.
SupprimerTrès bon week-end à toi aussi, ici aussi le temps est même estival !
bisous
Magnifique , ta broderie , j'aime beaucoup ce style.
RépondreSupprimerJ'aime cet auteur, je connaisais ce conte que je relis avec grand plaisir.
Belle soirée, bises Lilwenna
Merci erato
SupprimerJ'aime beaucoup aussi cet écrivain breton, j'en ai plusieurs livres
bises et bonne soirée
Super ton triskel, j'adore, bizzzzzzzzz
RépondreSupprimermerci Corinne. bisous
Supprimertrès originale, cette broderie en forme de triskel, les bretons aimeront;
RépondreSupprimerbonne soirée, lilwenna
merci Yvon. Symbole bien breton !
Supprimerbonne soirée
Ouiiii, c'est très joli, j'aime beaucoup les tons bleus. Tu ne peux pas cacher que tu aimes ta Bretagne, et tu as bien raison :o)
RépondreSupprimerah oui, j'aime ma Bretagne !
SupprimerTa broderie est très jolie comme ça ..!!
RépondreSupprimerBelle soirée !
merci beaucoup Isabelle
Supprimerbonne soirée
Ta broderie est très belle Lilwenna, tu as des doigts de fée.
RépondreSupprimermerci pour tes sympathies, cela m'a touchée.
bonne journée et à bientôt.
de rien Nadia, j'espère que tu vas bien
Supprimerbonne journée
Une très belle broderie ! je ne connaissais pas cette tradition des brodeuses
RépondreSupprimerBon week end !
Je l'ai appris il y a peu. Il faut commencer un ouvrage le 1er janvier !
Supprimerbonne soirée
coucou
RépondreSupprimerbon samedi
bisousssssssssssssss
bisous Cerise
SupprimerUne très belle technique qui allie aussi la tradition
RépondreSupprimerBon samedi
merci Kri
Supprimerbonne soirée
voilà, je viens de lire le conte; P-J Héliaz.... il m'a fait découvrir la Bretagne lui aussi. bon w-e!
RépondreSupprimerAs-tu lu le cheval d'orgueil ?
Supprimerbonne soirée
Ta broderie est très belle :) et j'ai tout lu le conte bien c'est sûr que vendre ses larmes faut le faire mais il n'est pas si mauvais cet homme ! restons positifs lol :) bon week-end merci moi aussi j'aime le rose :)) Bisous Mary
RépondreSupprimernon, il n'est pas mauvais
SupprimerToi aussi tu aimes le rose !
bisous
Magnifique hommage à ta région , ta broderie est superbe ! un grand bravo Lilwenna !
RépondreSupprimerBisous et belle soirée
merci beaucoup marie poupée !
Supprimerjolie comme tout cette petite broderie. ha ben, si les larmes viennent en pleurant ... Vrai que de penser négatif finit bien par faire pleurer même si on est payé pour comme cet homme ! comme quoi il vaut mieux être positif.
RépondreSupprimerbisous, belle semaine à toi
Sylvie
Il vaut mieux ne pas pleurer du tout, c'est mieux c'est sur !
Supprimerbises et bonne fin de semaine
un petit coucou pour te souhaiter une bonne journée sous la pluie, hélas, Lilwenna;;
RépondreSupprimeraprès un week-end estival, cette semaine n'est pas franchement belle ! Et il fait plus froid aujourd'hui !
SupprimerTa broderie est ravissante! Et j'ai bien aimé le conte, je ne crois pas que je serais capable de pleurer sur commande! Mais bon, il pleure réellement par la suite!
RépondreSupprimerGros bisous ma belle!
merci Anne. Moi non plus, je ne suis pas assez comédienne !
Supprimergros bisous
Je ne connaissais pas ce conte... il est magnifique. J'ai beaucoup aimé.
RépondreSupprimerIl faudra que je regarde dans ma bibliothèque je suis sûre d'avoir déjà lu cet auteur, mais je ne me souviens plus comment.
Bisous et douce journée. Tes broderies sont toujours magnifiques, j'admire.
je suis contente que tu aimes Quichottine. C'est un auteur breton qui a écrit beaucoup de contes. Il est aussi célèbre pour son livre "le cheval d'orgueil" qui raconte la vie d'une famille bigoudène au début du XXè siècle, c'est peut-être ça que tu as lu
Supprimermerci pour les compliments !
bisous et bonne soirée
Bonjour
RépondreSupprimerJe découvre votre création triskell jean louis grandsire : elle est vraiment magnifique et quelle bonne idée avec le conte 👍
Malheureusement on ne peut plus télécharger cette grille
L auriez vous conserver ?
Véronique
Joli compte et jolie broderie
RépondreSupprimerMais hélas le lien est rompu pour le site, dommage je l'aurait volontiers broder pour l'amie qui m'acceuilles à Brest cet été...