.



Bienvenue chez moi.
Je vous y montre mes marque-pages, mes broderies, quelques photos, et les poésies et contes que j'aime.
N'hésitez pas à me laisser vos commentaires.
Vous pourrez voir mes collections diverses et broderies déjà publiées sur mon ancien blog ICI

jeudi 17 mars 2022

L'Homme à la Barque


Je vous propose aujourd'hui une légende bretonne

Avec le marque-page de mars du calendrier envoyé par MITOU 

Et comme le marque-page de juillet est sur le même thème et que je ne publie pas en juillet, je le joins à cet article

 

Les marque-pages ne sont pas nommés, mais d'après le phare, j'ai reconnu le port de Doëlan, dans le Finistère.



Merci Mitou !


 

                                   L'Homme à la Barque

Comment est mort l’Homme à la Barque, il n'y a pas beaucoup de gens qui seraient capables de vous le conter...

...En ce temps‑là, dit‑on, il ne restait plus qu'une barque entre Penhors et La Torche, et cette barque était la sienne. Ne me demandez pas comment avaient disparu les autres, le fond de la mer doit en savoir quelque chose. L'Homme à la Barque pêchait tout seul dans la baie, à l'écart des flottilles de Penmarc'h ou d'Audierne. Ce n'était pas un homme sauvage, mais il avait sa tête à lui et personne n'a jamais réussi à savoir ce qui se passait dans cette tête‑là. Personne, et surtout pas sa femme, une noiraude taciturne qui écorchait deux ou trois champs pelés sur la palud, derrière le cordon de galets sonores, pour avoir quelques pommes de terre à mettre autour de son poisson.

Lui, ne vivait que pour la mer et n'avait de soin que pour sa barque. Jamais ses mains ne s'occupèrent d'autre chose que du mât, de la voile et de la coque. Peut‑être même n'avait‑il aucun souci de la pêche, car il lui arrivait assez souvent de laisser ses filets au sec et, ces jours‑là, les pommes de terre devaient se passer de poisson. Au reste, la part de sa femme et la sienne étaient si bien séparées que l'Homme à la Barque n'aurait pas daigné donner un coup de bêche ou aller autour de la vache, dans les années grasses où il y en avait une dans l'étable.

La femme, de son côté, ne portait jamais ses pieds nus plus bas que la ligne de goémons qui marquait la limite de la haute mer, son mari lui ayant déclaré, une fois pour toutes, qu'un marin de bonne race devait parvenir jusque‑là par ses propres forces avant de demander l'aide des paysans. Telle était la coutume des Anciens.

Et c'est pour respecter cette coutume que mourut l'Homme à la Barque, devenu déjà vieux et plus intraitable que jamais. Une nuit de septembre, un grand navire s'en vint donner, toutes voiles dehors, sur les rochers au large de Penmarc'h. Le vent était si fort que les huniers et les perroquets furent arrachés et emportés à plus d'une lieue dans les terres où les paysans s'en firent de bien rudes chemises.

 

L'Homme battait la côte comme il faisait à chaque fois que se levait la tempête. Avec mille peines, il parvint à pousser sa barque dans les vagues. Le premier, il atteignit le navire démantelé. Il lutta toute la nuit pour sauver les âmes en perdition. Quand parut l'aube, après six va‑et‑vient, il avait ramené dix‑sept naufragés au port de Saint‑Guénolé.

Sans mot dire, il reprit la mer et mit le cap sur sa maison dont le pignon blanchi luisait sur la palud. Quand la barque s'échoua sur la grève, il s'évanouit de fatigue mortelle. C'était marée basse. Le flux ranima le pauvre bougre. Il sortit de sa barque et se traîna sur les genoux vers le cordon de galets. Mais il ne trouvait plus sa respiration et la mer gagnait sur lui, de plus en plus forte. Là‑bas, derrière la ligne de goémons, sa femme l'attendait, raide debout, tricotant un bas de laine. Il fallait qu'il arrivât par ses propres forces. Mais les vagues, maintenant, lui crevaient sur les épaules, le renversant à chaque fois. Il eut encore le temps de voir sa barque folle passer devant lui sans dire adieu, il entendit le bruit que fit la quille en heurtant le dernier rocher. Alors, il se laissa aller. Quand il fut avalé par la mer, à trente pas devant elle, la tricoteuse ramassa son ouvrage et s'assit sur les galets pour chanter le Libera.

 

Plus tard, la veuve éleva de ses mains une soue pour un petit cochon. Elle voulait avoir un peu de lard salé pour engraisser ses pommes de terre. Et c'est la barque qui servit de toit pour la soue. Dès lors, la petite ferme fut appelée La-Barque-de-L'Homme. Et ce fut toute la différence.

 

Livre "Contes bretons" de Pierre-Jakez Hélias

 

 

 


Pors Carn à Penmarc'h


 

Et à Concarneau


 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5 commentaires:

  1. C'est bien le port de Doelan que j'aime beaucoup 😉 j'aime aussi les barques et la légende
    Gros bisous et bonne journée
    Mitou

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Liwenna
    Une légende très typique de chez nous...
    Bonne journée à toi
    Bises

    RépondreSupprimer
  3. Quel joli conte ! Il faut dire aussi que l'auteur sait de quoi il parle...Ce port est très joli et tu l'as reconnu aussitôt, moi pas car je ne le connais pas mais j'aime beaucoup l'ambiance sur les marque-pages comme sur tes jolies photos. Bisous et une bonne journée

    RépondreSupprimer
  4. Bonjour Brigitte,
    beaux marque page et un conte pour illustrer ton article sur les ports..
    Bonne journée, gros bisous

    RépondreSupprimer
  5. Une légende qui illustre bien ces beaux marque pages Lilwenna ... on sent déjà les beaux jours qui se pointent avec les clichés au ciel bleu de ton billet .
    Mes bises sous le soleil de ma campagne ch'ti : j'en ai profité pour faire la prmeière tonte de pelouse (2h1/2) je suis HS et peu sur l'ordi ..Nicole

    RépondreSupprimer