Terrible Petit Ours

 

Je vous avais déjà publié des marque-pages que LAURE m'avait envoyé à Noël

Voici aujourd'hui celui que j'avais reçu pour Noël 2020, toujours fabriqué par elle

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Merci Laure !

                                         Terrible Petit Ours

Terrible Petit Ours n'avait pas du tout l'air terrible. Il était en peluche marron, juste de la taille qu'il faut pour qu'on le fourre dans son lit. Il faisait un drôle de petit couinement, il avait des yeux noirs brillants et un petit sourire. Mais c'était bel et bien un TERRIBLE petit ours.

Même le Père Noël, qui estimait que c'était bien l'ours le plus réussi qu'il ait jamais fabriqué, en convenait.

 
«Ce terrible petit ours ! soupira-t-il au petit déjeuner le le lendemain de Noël. Terrible Petit Ours s'est échappé de mon sac la nuit dernière. Il s'est caché sous le siège de mon traîneau, et je ne l'ai pas trouvé au moment de le déposer chez l'enfant sage à qui je l'avais promis. Du coup, il est revenu avec moi.»

«Misère de misère !» dit la Mère Noël

Et cinq Noëls plus tard, elle disait toujours : Misère de misère ! Car chaque nuit de Noël, Terrible Petit Ours sortait du sac de jouets. Chaque nuit de Noël, il se cachait dans un endroit différent. Et chaque lendemain de Noël, il était de retour au pôle nord.

Le matin du cinquième Noël, le Père Noël décida qu'il n'allait plus se laisser faire par Terrible Petit Ours. Il se précipita dans son atelier et regarda dans la corbeille à courrier marquée «NON» ! Cette corbeille contenait les lettres de ceux qui ne méritaient pas de cadeaux. Le Père Noël se sentait toujours triste quand il les voyait. Mais il s'assit et les lut quand même, de la première à la dernière. Puis il bondit, tenant à la main une lettre froissée.

«Voici la lettre de quelqu'un d'encore plus terrible que Terrible Petit Ours, déclara-t-il. C'est une lettre de Terrible Tom, qui dit «Je ne veux pas» sans arrêt, ne mange que des sucreries et du chewing-gum, et qui en plus ne veut jamais aller au lit.»

«Misère de misère ! soupira la Mère Noël. Celui-là ne mérite vraiment pas que tu lui rendes visite !»

«Oh que si ! protesta le Père Noël. Et je vais même faire le voyage exprès pour lui porter Terrible Petit Ours.»

«Misère de misère ! dit la Mère Noël. Misère de misère !»

Après avoir harnaché les rennes et sorti son traîneau, le Père Noël survola encore les toits cette nuit-là. Il conduisait d'une seule main, car de l'autre il tenait fermement Terrible Petit Ours.

Terrible Petit Ours n'avait plus du tout l'air terrible. Il couinait :

«Oh, Père Noël, je vous en supplie, ne me donnez pas à Terrible Tom !»

Mais le Père Noël ne lâcha pas. Bientôt avec une secousse, le traîneau s'arrêta sur le toit de la maison de Tom. Toutes les lumières étaient éteintes. Tout le monde dormait. Tout le monde, sauf Terrible Tom. Il était assis au coin de la cheminée et se mouchait. Il sanglotait aussi un peu.

«Le Père Noël n'est pas venu me voir ! gémissait-il. Il ne m'a rien apporté, pas même un martinet, pas même une vieille culotte raccommodée. Pas même une trompette hors d'usage. Rien du tout. Snif ! Moi qui voulais un ours en peluche, même vieux, avec une fourrure marron toute douce à caresser, avec des yeux brillants...un ours qui serait juste à la bonne taille pour que je le mette dans mon lit.»

Depuis le toit, le Père Noël entendit Terrible Tom. Il souffla quelques cendres dans le conduit pour le forcer à fermer les yeux. Et là...VZZZZZZZZZ ! Il se glissa dans la cheminée. VZZZZZZZZZ ! Puis il remonta, ayant déposé Terrible Petit Ours

Terrible Tom ouvrit les yeux...et là il vit Terrible Petit Ours assis devant lui.

«Le Père Noël est venu ! s'écria-t-il. Il m'a apporté le plus doux, le plus beau des ours en peluche !»

Il ramassa Terrible Petit Ours et le serra contre lui. Terrible Petit Tom trouva cela si agréable qu'il se sentit gentil de la tête aux pieds. A ce moment-là, tout ce qu'il avait de terrible en lui disparut. Et ce fut la même chose pour Terrible Petit Ours. Ils montèrent les escaliers et s'endormirent tous les deux. A les voir, on aurait dit un gentil petit garçon qui dormait avec un gentil petit ours.

Entre-temps, bien sûr, le Père Noël avait regagné le Pôle Nord. Il sourit en ôtant son chapeau. Et il rit franchement en ôtant son manteau.

«J'ai toujours pensé que c'était l'ours le plus réussi que j'aie jamais fait, dit-il à la Mère Noël. Et le Père Noël ne se trompe jamais, n'est-ce pas ?»

Pour une fois, la Mère Noël ne dit pas «Misère de misère ! Elle dit:

«Bien sûr que non ! Il ne manquerait plus que ça, que le Père Noël se trompe !»

Livre «le Noël des animaux» de Richard Scarry