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Vous pourrez voir mes collections diverses et broderies déjà publiées sur mon ancien blog ICI
jeudi 1 février 2018
Bretonne
Voici une petite bretonne que j'ai brodée il y a déjà un moment, en monochrome bleu, d'après un modèle de Brigitte Dadaux
La voici encadrée. Entre la vitre et les reflets de la photo, elle fait un peu terne sur cette photo. Mais en vrai, elle est comme sur la première photo
Et voici l'histoire d'une jeune bretonne et de son amoureux Perig
Une belle fortune
Autour de nombreux manoirs en Bretagne, on entendait conter, autrefois, une histoire exemplaire : celle du seigneur du manoir, de son palefrenier et de la fille mineure d'un marchand grippe-sous.
A Châteauneuf, le manoir est celui de Keranmoal, les deux jeunes s'appelaient Perig et Brigitte Le Roux.
Perig nourrissait une "coeurée" de tendresse envers Brigitte. Et Brigitte aurait tant aimé avoir Perig pour époux que l'eau lui montait aux yeux chaque fois qu'elle voyait le garçon à cheval ou à pied. Hélas ! Le pauvre Perig souffrait d'une maladie qui mord souvent les jeunes, c'est à dire qu'il avait moins de pièces d'un écu que de doigts sur les deux mains.
Et le vieux Le Roux, possesseur d'une grosse boutique au milieu du bourg, était si porté sur l'argent qu'il eût été capable de tondre l'échine d'un cloporte pour en vendre le poil au chiffonnier. En voyant venir Perig devant lui pour demander sa Brigitte, il aurait pris un coup de sang, le râtisseur de liards, le regratteur, le couvreur de monnaie, assez dénué de vergogne pour vendre sa fille aux chandelles.
Ceci pour vous faire savoir, mes enfants, que Brigitte était une marchandise trop chère pour un palefrenier, même si celui-ci montait à cheval avec des éperons d'acier.
Or, le seigneur de Keranmoal connaissait la grande tendresse qui était née entre les deux jeunes gens et le voilà qui fait venir son valet :
-"Perig, est-ce vrai ce que j'ai entendu ?"
-"Qu'avez-vous entendu, maître ?"
-"Vous êtes en train de tourner autour des jupons de Brigitte Le Roux ?"
-"C'est vrai, hélas. Mais j'aurai le temps d'en faire le tour plusieurs vingtaines de fois avant que Brigitte me soit donnée pour épouse par le vieux Le Roux, car ma bourse n'est pas solide, vous le savez."
-"Alors, vous feriez bien de chercher le moyen de gagner une poignée de pièces d'or pour les étaler devant le beau-père."
-"Je ferais n'importe quoi, seigneur, pour me marier avec Brigitte. N'importe quoi, sinon vendre mon âme au diable ou raconter des mensonges."
-"Vous êtes un honnête homme, Perig. C'est bien. Puisque vous ne voulez pas vendre votre âme, peut-être vendriez-vous...votre nez ?"
-"Mon nez ? Est-ce qu'on vend les nez, au jour d'aujourd'hui ?"
-"Je ne sais pas, mais je suis acheteur. J'en ai assez, depuis cinquante ans, du nez que je porte sous les yeux. J'ai envie d'en avoir un autre. Je vous achète votre nez pour...dix mille écus."
-"Dix mille ? Est-ce qu'il existe autant d'écus par le monde ?"
-"Répondez vite, je n'ai pas de temps à perdre."
-"Ma foi, seigneur, mon nez...comment donc...avec plaisir, oui, mais...Non, je ne vous vendrai pas mon nez."
-"Dix mille écus."
-"Non, je ne veux pas tricher. Brigitte m'aime avec le nez que j'ai. Si je vends mon nez, je perdrai peut-être son amour. Non, mon nez ne vaut pas dix mille écus, mais Brigitte en vaut cent fois plus. Il n'y a rien de fait."
-"Bien, occupez-vous des chevaux."
Le seigneur de Keranmoal s'en alla au bourg. Là, il rencontra le vieux Le Roux, sur la place de la fontaine :
-"Hé bien, Le Roux. Votre fille va se marier avec mon valet Perig ?"
-"Comment ? Les mauvaises langues qui dévident leurs sottises ! Est-ce que je donnerais ma fille unique à un valet d'écurie qui n'a pas un liard percé pour chauffer sa chemise ni une poignée de terre à hériter de son père !"
-"Hé hé ! Quelquefois on ne sait pas bien. Ecoutez donc ! J'ai offert, moi-même, dix mille écus à Perig pour lui acheter une part de son bien. Et le garçon a dit non."
-"Dix mille écus ? Une part de...Mille tonnerres !"
-"Oui, et il a bien fait de dire non. Ce que je lui demandais, moi-même je ne le donnerais pas pour trente mille."
-"Trente...! Le bien de Perig ? Je ne savais pas. C'est un homme de qualité ce Perig. Dites-lui qu'il sera mon gendre quand il voudra."
Un mois plus tard, Brigitte et Perig étaient mariés. En sortant de l'église Notre-Dame des Portes, pendant que la nouvelle épousée allait offrir son bouquet à la Vierge, le vieux Le Roux tira à part le seigneur de Keranmoal pour savoir de lui ce qu'était le bien de Perig, ce qui valait plus de trente mille écus.
-"Le bien de Perig ? Ma foi, compère, le bien de Perig, c'est...Perig lui-même. Et la part que je lui ai demandée pour dix mille écus, c'est...son nez."
Sur le coup, le vieux Le Roux manqua d'avaler sa langue. C'était trop tard.
Aussi bien, il n'y avait eu ni mensonge, ni tromperie. Si le bonhomme parvint à retrouver sa respiration, ce fut bien parce qu'il avait payé son repas de noce et qu'il voulait remplir son ventre pour son argent. Mais il avait été si frappé que son esprit en demeura bouleversé désormais et qu'on le vit, jusqu'au jour de sa mort, offrir de vendre son nez aux passants, sur la place de la fontaine, à Châteauneuf.
Mais il avait peiné trop longtemps à établir son bien en dehors de sa personne, si bien que lui-même ne valait plus rien. Et il ne trouva pas de client pour son nez.
Livre "contes bretons" de Pierre-Jakez Hélias
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coucou Brigitte
RépondreSupprimerElle irait bien avec la p'tite brodeuse rouge que j'avais brodée avec une de tes grilles si tu as encore la p'tite bretonne je suis preneuse elle est vraiment jolie !
J'aime bien le conte mais aussi l'image de la petite fille à la fin !
gros bisous et bonne journée
MITOU
Bonjour
RépondreSupprimerTrop jolie cette petite bretonne , brravo ..
Un conte comme toujours bien agreable à lire
Bises
Le cadre lui va très bien, bravo pour ta création, je lui trouve juste un air un peu triste
RépondreSupprimerMerci pour cette jolie histoire qui finit bien pour les amoureux et l'image de la fillette est adorable
Douce journée Brigitte & gros bisous
Ta Bretonne est très belle... et j'ai adoré ce conte, merci !
RépondreSupprimerBisous et douce journée.
Bonjour ma douce amie Brigitte,
RépondreSupprimerLa Bretonne et son cadre est magnifique ! J'ai adoré lire ce conte et la fillette est toute mignonne :)
Bel après-midi, gros gros bisous ma douce amie
Elle est trop belle cette petite bretonne.
RépondreSupprimerDans le conte c'est heureusement l'amour a eu le dernier mot.
Bon mois de février à toi. Bisous
Ta broderie est magnifique, tu as su redonner toute la douceur du visage , bravo.
RépondreSupprimerJ'adore le conte , j'aime son style très coloré et expressif et sa sagesse .
Douce soirée, bises Lilwenna
Bravo Lilwenna , elle est vraiment très belle, joli travail !!
RépondreSupprimerJe te souhaite un beau week-end
Gros bisous
Bonsoir Lilwenna,
RépondreSupprimerTrès jolie et sobre ta broderie, j'aime beaucoup et elle plairait certainement à une de mes amies bretonne qui réalise des aquarelles de bretonnes de toute beauté aussi .
Cette histoire est un vrai conte digne également d'une fable de La Fontaine... j'ai beaucoup aimé !
Heureuse de retrouver tes pages, tu sais, après ma longue pause qui ne m'a pas résolu ma fatigue mais j'avais besoin de revenir sur les blogs amis et reprendre un peu le cours de mes pages !
Je te souhaite Lilwenna un très dimanche qui s'annonce froid chez nous mais qui nous changera de toute cette pluie de ces derniers temps !
Bisous du cœur !
Nicole
C'est sobre et très classe !
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