(Cliquez sur l'image si vous voulez lire le texte)
|
Merci Nicole !
|
Attention aux orphelins
Autrefois, dans le village de Gani-Gawané, les
orphelins étaient rejetés et abandonnés. Selon cette triste habitude,
une année, à l’approche de la saison des pluies, le petit Adamou fut
emmené dans une brousse lointaine parce que personne ne voulait plus
s’occuper de lui : un de ses oncles qui l’avait recueilli après la mort
de ses parents et l’avait élevé presque dix ans, mourut lui aussi et sa
veuve avait beaucoup de mal à élever ses propres enfants. Le chef du
village à qui elle avait fait appel décida donc d’abandonner le petit
Adamou.
Ainsi l’enfant se retrouva-t-il seul, parmi
les animaux sauvages, à des lieues du village le plus proche. Comme par
miracle, il trouva une grotte et s’y cacha. Or, grâce à Dieu, dans le
fond de cette grotte, on avait caché, sans doute pour les protéger des
razzias, des vivres les plus divers : de la viande séchée, des sacs
emplis de niébé et tout ce qu’il lui fallait pour vivre. Dans la
brousse épaisse qui l’entourait, Adamou put ainsi éviter la mort à
laquelle il était destiné. Il apprit à éviter les animaux sauvages, sut
bientôt faire des pièges et se distraire en regardant les ombres, les
nuits de pleine lune. Mais nuit et jour aussi, il maudissait les
habitants du village qui l’avaient abandonné. Il souhaitait pour eux les
pires catastrophes dont il avait entendu les anciens parler : les
pluies qui noyaient les récoltes, ou au contraire, la sécheresse, ou
encore, les invasions de sauterelles.
Ses malédictions furent efficaces.
Ainsi, des semaines, des mois passèrent sans qu’une goutte d’eau ne
tombe à Gani-Gawané. La tristesse y devenait pesante car ni le manioc,
ni le niébé, ni le sorgho ne germaient dans les terres qu’on avait
ensemencées et la perspective de la famine accablait grands et petits.
Au
contraire, les pluies de l’hivernage avaient arrosé tous les villages
alentour, partout, les paysans s’apprêtaient déjà à des récoltes
abondantes, les greniers allaient déborder. La bonne fortune des
villages voisins augmentait encore la tristesse et le découragement à
Gani-Gawané. On ne savait plus à quel génie se vouer et bientôt, il
fallut aller dans les villages voisins quémander jusqu’au moindre grain
de mil ou de sorgho. Nulle part, on n’était disposé à aider un village
qu’on considérait comme maudit.
Les bergers de
Gani-Gawané eux-mêmes, durent beaucoup s’éloigner pour trouver des
pâturages encore verts. Un jeune berger à peine plus âgé qu’Adamou alla
même jusqu’à s’approcher de la grotte perdue où l’orphelin avait trouvé
refuge. Ses vaches paissaient paisiblement sur une étendue d’herbe bien
verte proche de ces lieux quand l’une d’elle quitta le troupeau ; le
petit berger la suivit et découvrit, tout étonné, au bas de la falaise
où il se trouvait, une anfractuosité d’où sortait le son d’une voix
humaine.
Prêtant l’oreille, il fut stupéfait d’entendre ces mots :
«
Habitants de Gani-Gawané, maudits soyez-vous qui m’avez abandonné loin
des hommes. Je suis seul loin de tout et sans la nourriture que je
retire du fond de cette grotte, je n’aurais pu survivre à cet abandon.
Que vos semences se noient sous les pluies d’hivernage, que la
sécheresse fasse mourir les jeunes pousses, que les sauterelles dévorent
ce qui reste sur pied. Puissent vos enfants en périr puisque vous ne
faites pas l’effort de prendre soin des orphelins. Et toi, génie de
cette grotte, fais que cette malédiction se réalise ! »
Le
berger comprit bien vite qui parlait, il se souvenait d’Adamou dont il
avait partagé les jeux et le reconnut vite comme l’auteur de ces
malédictions.
Abandonnant sur le champ son troupeau, il courut au village
informer le chef de ce qu’il venait de découvrir. Ce dernier n’eut
pas de peine à reconnaître ses torts et appela le sorcier qui
s’empressa de supplier le génie de la grotte. Pendant ce temps,
tous les hommes du village se rendirent en cortège auprès d’Adamou
et le ramenèrent bien vite à Gani-Gawané. Le chef du village le
prit dans sa maison où il fut accueilli comme l’un de ses fils.
Une grande pluie s’abattit aussitôt sur le village.
C’est depuis
ce jour que les orphelins sont traités avec soin et amour à
Gani-Gawané.
Les contes pour enfants du monde (contes.biz)